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In Memoriam
 
 
 
 
 
   
 

Noyade (22.09.2013)


Chaos sombre et mouvant, couleurs tonitruantes et injustes harmonies. Je me débat, je frappe, mais mon cœur est lié. Je repousse des deux bras la nuée de regrets, remords et souvenirs, insectes qui dévorent mes chaires et ma conscience. La nuée et le bruit en un démon s'incarnent. Sa peau est rubis, sa langue persifflante. Les sons me cognent au ventre, il suinte des larmes de sang de murs invisibles. La nuée sans arrêt m'attirent et me repousse.

Mes forces m'abandonnent, je recule pour fuir. Mon visage est cinglé par les sifflantes paroles du perfide démon. Une main me saisit, m'étrangle et me secoue. Je ferme les yeux, je sens couler mes larmes, je me replie sur moi et prie que cela cesse.

Dans une ultime étreinte, la nuée me compresse, tous mes atomes grincent, comme sur le point de rompre. Mon corps crie sa douleur, je sue bile et rancœur. Des tréfonds du Chaos surgit une explosion. Projeté en arrière je sens le Temps couler, fin comme un filet d'eau dans un désert aride. Le Temps s'arrête enfin je flotte dans les airs, crucifié dans le vide.


Les trompettes se taisent et les voies sont brisées. Ainsi tombèrent les murs de ma forteresse. Je suis le Silence qui règne autour de moi, à mesure que je vois le ténébreux chaos disparaitre au lointain. Puis, inconscient, je tombe dans un vide abyssal au fond duquel un plongeon dans l'eau me sort de ma torpeur. L'eau est tiède et salée, je reconnais la mer, la mer de mon enfance, des étés insouciants.

J'écarte bras et jambes et me laisse couler, ce bain est agréable. L'eau est douce et compréhensive. A mesure que je coule, je vois que disparaissent la plage et le soleil. D'un coup je me rends compte qu'il n'y a pas de fond, je glisse le long d'une paroi sans prise. A nouveau je lutte, vainement, tentant de remonter. Mais l’abîme obscure sous mes pieds m'attire lentement, inexorablement. Une main sur mon coup me serre la trachée, je sens que l'air me manque, et que ma tête tourne. Puis, à bout de mes forces, je cesse le combat. Tout est sombre et sans bruit dans cette immensité. Je n'ai plus de repère, et je sombre, inconscient.


J'abandonne, je lâche prise, je me résous à mourir lentement.


Mais alors que je coule toujours plus profond, je sens qu'une chaleur vient me redonner vie. Bientôt j'aperçois une faible lueur qui se met à irradier de plus en plus fort. Bientôt c'est une étoile, un pulsar, un soleil qui m'aveugle et m'apaise. Et je vois Son visage apparaître, baigné par la Lumière. Elle me sourit et me tend Ses mains. Elle me rassure et Elle m'attire à Elle. Je me sens bien, je sens Sa chaleur. Elle me remonte, et pose Sa main sur ma tête, pour la plaquer sur Sa poitrine. Elle me chuchote qu'il est trop tôt. Elle me sourit. Et Sa tête est auréolée, telle un Ange. Elle est douce et aimante. Je pleure sur Son sein. Elle me prend dans ses bras. Elle, l'amante, la mère et l'amie, la Femme. Je suis bien.


Elle me dit : "Viens à moi".


Je me réveille en sursaut, dressé d'un coup sur mon lit, prenant une grande inspiration par la bouche, comme si je suffoquais. En ouvrant les yeux, je la vois, brumeuse, à mes côtés. Elle disparaît et s'évapore. Il fait jour. Dehors, le tumulte de la ville.